Un trésor convoité
En un temps fort lointain, la ville de Bègles abritait le plus précieux trésor de l’humanité.
Seuls la Garonne et la solidarité de ses habitants protégeaient la petite ville portuaire, qui respirait la joie et l’amour.
La ville était sécurisée : à tour de rôle, les béglais prenaient place dans un immense hibou en bois placé en bordure de la Garonne. Équipé de hublots, il permettait de guetter les allées et les venues sur le fleuve en toute discrétion. Tout le monde se connaissait, tout le monde s’appréciait. Le secret du village était bien gardé, ceci afin d’éviter les convoitises.
Trahis par la jalousie de ses voisins, une rumeur s’est alors répandue comme une traînée de poudre : Bègles gardait secrètement une pierre précieuse capable de rendre l’humain immortel. La ville girondine commença alors à subir les premières menaces des habitants environnants. Certains commencèrent à fouiller les maisons, les commerces, à menacer les riverains. Les chasseurs de trésors commencèrent à affluer. Très rapidement, la ville fut saccagée et les habitants durent fuir leurs terres.
Les béglais décidèrent de se cacher sur les rives. Les chasseurs les poursuivirent, sans se soucier de rencontrer l’autre secret de la ville : le monstre des bois. Une légende racontait qu’un dinosaure vivait reclus dans la forêt, se nourrissant exclusivement d’animaux et d’êtres humains. En s’y aventurant, les chasseurs tombèrent nez à nez avec une paire d’yeux lumineux qui les fixait dans l’obscurité. Figés par la peur, ils comprirent ce qui se tenait face à eux : le dinosaure, en chair et en os. La bête poussa un râle qui réveilla toute la ville puis chargea les chasseurs.
La bataille de la mer
Apeurés par ce son terrifiant, les béglais se jetèrent dans la Garonne et tentèrent de rejoindre l’île d’Arcins à la nage. Arrivés au milieu du trajet, les fugitifs stoppèrent net leur effort : une magnifique sirène les attendait, assise sur un rocher. Tous les hommes tombèrent sur le charme quand celle-ci se mit à chanter. Comme hypnotisés par le son de sa voix, les hommes se rapprochèrent de la créature. Lorsque celle-ci plongea dans les abîmes du fleuve, les béglais la suivirent. Tous se noyèrent, emportant avec eux leur précieux trésor au fond du fleuve.
De la traversée, seules deux femmes survécurent. Elles ne craignaient rien et partageaient le goût de l’aventure. Après avoir échoué sur l’île, elles firent la rencontre de deux pêcheurs. Bien qu’à bout de force, elles décidèrent de sauver les hommes de Bègles.
Au milieu du fleuve, un objet brillait et rendait l’eau fluorescente. Le spectacle était magnifique. Le fleuve illuminait à présent la ville. Néanmoins, seul un objet magique pouvait être capable d’éclairer de cette façon : la pierre d’immortalité. Tout le monde en était convaincu à présent.
Intrigué par la beauté de la lumière, le dinosaure délaissa ses proies et se jeta dans la Garonne. De l’autre côté du fleuve, un bateau avec à son bord nos deux aventurières et les deux pêcheurs se dirigeait vers la même source de lumière. L’une d’elle portait un scaphandre, tandis que la deuxième pilotait rageusement le bateau. Venant de la ville voisine, un plongeur avait bravé le courant pour récupérer le trésor convoité. À proximité de la pierre précieuse, le chant de la sirène résonnait de plus en plus fort.
La punition divine
Tous finirent par se retrouver au même endroit. Tandis que les pêcheurs se laissaient charmer par la voix de la sirène, la femme au scaphandre et le plongeur plongèrent dans les eaux profondes.
Quand le scaphandre remonta à la surface avec la pierre précieuse, la tension était à son comble. Tous se ruèrent sur l’objet magique. Dans le chaos, la pierre s’écrasa en mille morceaux contre la proue du bateau. Le pouvoir était brisé, entraînant la colère des dieux de la nature. En signe de punition, la sirène, le plongeur, le dinosaure, les pêcheurs, le scaphandrier et la navigatrice se transformèrent instantanément en statues métalliques. Ironie du sort, ils sont désormais condamnés à vivre ainsi éternellement.
Les corps des protagonistes sont exposés sur les Rives d’Arcins. Leur histoire montre le courage des habitants de Bègles, déterminés à mourir pour le bien de leur ville. Ils ne seront jamais oubliés.
Sanchez Majlen dit
Bonjour !
Je voudrais bien connaître celui ou celle qui a écrit ce récit ? Est-ce que ce sont les habitants de Bègles qui ont raconté cette histoire à la suite d’un atelier d’écriture ? Merci de pouvoir me répondre ! Majlen.
Pablo - Bordeaux&Vous dit
Bonjour,
Le texte est celui de notre rédacteur, Pablo Buisson. L’histoire s’est construite naturellement afin de promouvoir le lieu et les sculptures originales qui le compose. 🙂